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L'histoire De L'arbre Géant

(Hélio Ziskind / Bïa)

Un jour, il est venu des hommes

Recherchant des arbres

À couper

Ils les coupaient puis les vendaient après

Ils ont trouvé

Le Jequitiba de Carangole

Mais l'ont pas coupé

Vous savez pourquoi?

Le tronc était bien trop large

Il aurait fallu d'énormes, énormes outils

Et même s'ils avaient pu couper

Ils n'auraient pas eu les moyens de le transporter

Car même pour les grands coupeurs d'arbres

Le Jequitiba était géant

Ils ont coupé les autres arbres

Seul le géant est resté

Le temps a passe

Et Carangole a poussé

Et le géant a poussé

Plus encore

Devenu célèbre

Plein de gens venaient le voir

On venait de loin prendre une photo

Sous ses branches

On disait des poèmes

On jouait parmi ses feuilles

On enlaçait son tronc

On aimait bien le bon géant

Et même qu'on l'a soigné

Le jour où une branche est tombée

C'était toute une branche

Accrochée tout là-haut

Des limaces géantes

Qui vivaient dans le Jequitiba

Avaient mangé petit à petit le bois

Et peu à peu

La très grande branche est tombée

La terre a tremblé

Il y a eu de l'écorce arrachée

Et un trou s'est ouvert dans le tronc

Les amis sont venus

Pour poser une espèce d'échelle, en fer et très haute

Un professeur de biologie

Est monté en haut du tronc

Pour faire un pansement

Il y a mis une sorte de teinture bleue

Pour que le bois ne pourrisse pas

C'est bon

Ça marche

C'est bon

On venait de loin prendre une photo

Sous ses branches

On disait des poèmes

On jouait parmi ses feuilles

On enlaçait son tronc

On aimait bien le bon géant

Mais le géant

Avait un ennemi

Un ennemi mortel

Alors un jour de fête

Cet ennemi redoutable est allé voir Jequitibá

L'a arrosé d'essence

A mis le feu

Puis il s'est enfui

Un incendie sans pareil alors s'est déclaré

Sur un arbre solitaire et géant

Un arbre solitaire et géant

La forêt autour intacte

Seul le Jequitiba en flammes

Par chance en cet horrible jour

Si malchanceux

Un ami était allé saluer le Jequitiba

Et vit le feu

Courant très vite, il donna l'alerte

Et tout de suite

Les amis arrivèrent
Le feu est enorme

Le fleuve est si loin

Comment l'éteindre?

Avec un tracteur

Ils ont ramassé de la terre

Pour étouffer le feu

Mais étouffant les flammes

Ils n'ont pas éteint les braises

Et les braises brûlaient

Le tronc en dedans

Elles brûlaient le tronc

Elles montaient, dévoraient

Le tronc en dedans

Et l'arbre corrodé

S'en allait en fumée

On aurait dit une cheminée

C'était très très grave

Il leur fallait de l'aide

Ont appellé les pompiers

Les gardes forestiers

Journaux, télévisions

Et a commencé

La lutte de l'eau contre le feu

Les hommes sont venus

Avec un gros camion-citerne

Citerne

Ils remplissaient à la rivière Carangole

Et montaient le sentier jusqu'au Jequitiba

Arrosant, arrosant toute la journée sans s'arrêter

Douze fois par jour le camion revenait

Arrosant du point du jour jusqu'à la nuit

Trois jours sans s'arrêter

Et le feu toujours vorace

Le temps que le camion

Se rende jusqu'à la rivière

Se remplisse et revienne

Et le feu reprenait sa violence

Tout comme avant

Et plus grave encore

Il s'est mis à pleuvoir

La pluie n'éteignait pas le feu

Mais a dévasté la route

Et le camion n'arrivait plus à monter

Les hommes sont devenus tristes

Le feu allait tout détruire

Le Jequitiba allait brûler jusqu'à en mourir

Mes amis, l'espoir fait vivre

Et pas seulement dans les livres

Car la pluie soudain a cessé

Et les hommes avec une scie

Ont fait un trou dans le tronc

Et sont entrés dedans

Là dans le tronc

C'était chaud comme en enfer

Il tombait des charbons tout rouges

Un homme a pris un tuyau d'arrosage

Et l'a pointé vers le haut

Pour qu'il arrose

Le coeur, le coeur des flammes

Ils ont arrosé du matin jusqu'au soir

Trois jours sans s'arrêter

Alors le feu à bout de forces

Est mort

Les amis sont restés la bouche ouverte

Le feu avait ouvert une caverne

On aurait pu loger huit hommes dedans

C'était une caverne

Avec des murs en charbon

Que le vent briserait peut-être

Qui pourrait empêcher la sève de monter

Qui pourrait faire suffoquer

Le pauvre bon géant

Les amis, inconsolables, se demandaient pourquoi

Pourquoi?

Par jalousie peut-être

Un méchant bonhomme avec son arme de feu

A combattu les amis du bien

Et leurs épées aquatiques

Le feu était mort

Mais peut-être aussi

Le géant





 

 
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